Comment évaluer la nécessité d’une reconstruction osseuse après une fracture de l’os zygomatique ?

L’os zygomatique, aussi appelé os malaire, joue un rôle crucial dans la structure du visage et contribue à la protection de l’œil. Une fracture de l’os zygomatique, souvent consécutive à un traumatisme facial, peut entraîner des déformations esthétiques et fonctionnelles significatives. L’évaluation de la nécessité d’une reconstruction osseuse après une telle fracture est une étape essentielle de la prise en charge. Elle repose sur une analyse minutieuse de plusieurs facteurs, combinant des examens cliniques et d’imagerie.

Examen clinique d’une fracture de l’os zygomatique

L’examen clinique est la première étape et permet d’identifier les signes et symptômes de la fracture, ainsi que son impact sur les structures adjacentes. Le médecin recherchera:

  • Douleur et sensibilité: La palpation de la zone zygomatique révèle une douleur et une sensibilité importantes.
  • Œdème et ecchymose: Gonflement et hématome autour de la zone fracturée, souvent s’étendant à la paupière inférieure et à la joue.
  • Déformation faciale: Aplatissement de la pommette, asymétrie faciale visible.
  • Enophtalmie: Enfoncement du globe oculaire dans l’orbite, pouvant être associé à une diplopie (vision double).
  • Limitation de l’ouverture buccale (trismus): Difficulté à ouvrir la bouche, due à l’implication de l’arcade zygomatique et des muscles masticateurs.
  • Infra-orbitale: Engourdissement ou fourmillements dans la région de la joue, du nez et de la lèvre supérieure, indiquant une atteinte du nerf infra-orbitaire.
  • Diplopie: Vision double, souvent présente lorsque la fracture affecte le plancher orbitaire et les muscles oculomoteurs.
  • Épistaxis: Saignement de nez, pouvant être un signe de fracture des os nasaux associés.
  • Emphysème sous-cutané: Présence d’air sous la peau, crépitant à la palpation, indiquant une communication entre les sinus et les tissus sous-cutanés.

Imagerie médicale d’une fracture de l’os zygomatique

L’imagerie médicale est essentielle pour confirmer le diagnostic de fracture, évaluer son étendue et identifier les déplacements osseux. Les examens les plus couramment utilisés sont:

  • Scanner (TDM) avec reconstructions 3D: Le scanner est l’examen de choix pour l’évaluation des fractures zygomatiques. Les reconstructions 3D permettent une visualisation précise des fragments osseux et de leurs déplacements, facilitant la planification chirurgicale. Il permet également d’évaluer l’état des parois orbitaires et des sinus.
  • Radiographie panoramique dentaire (orthopantomogramme): Utile pour visualiser l’arcade zygomatique et identifier les fractures de l’os maxillaire associé.
  • Imagerie par résonance magnétique (IRM): L’IRM est moins fréquemment utilisée pour les fractures zygomatiques, mais peut être utile pour évaluer les lésions des tissus mous adjacents, comme les muscles oculomoteurs ou le nerf infra-orbitaire.

Critères de nécessité d’une reconstruction osseuse zygomatique

La décision de procéder à une reconstruction osseuse repose sur une combinaison de facteurs, notamment:

  • Déplacement significatif des fragments osseux: Un déplacement important des fragments osseux, visible sur le scanner, entraîne une déformation faciale et peut compromettre la fonction. Une réduction et une fixation chirurgicale sont alors nécessaires pour restaurer l’anatomie et la fonction.
  • Enophtalmie: L’enfoncement du globe oculaire est un signe de fracture du plancher orbitaire et nécessite une reconstruction pour éviter des complications ophtalmologiques.
  • Diplopie persistante: La vision double persistante, malgré un traitement conservateur, indique une atteinte des muscles oculomoteurs et nécessite une intervention chirurgicale pour corriger le déséquilibre musculaire.
  • Limitation de l’ouverture buccale (trismus): Un trismus important, limitant la fonction masticatoire, nécessite une réduction et une fixation de la fracture pour restaurer la mobilité mandibulaire.
  • Atteinte du nerf infra-orbitaire: Une atteinte du nerf infra-orbitaire, se manifestant par un engourdissement persistant, peut nécessiter une exploration chirurgicale et une décompression du nerf.
  • Déformation esthétique importante: Même en l’absence de troubles fonctionnels, une déformation esthétique importante peut justifier une reconstruction osseuse pour restaurer l’harmonie du visage.

Chirurgie esthetique fracture arcade zygomatique – Guide complet

Types de reconstruction osseuse zygomatique

Plusieurs techniques chirurgicales peuvent être utilisées pour la reconstruction de l’os zygomatique:

  • Réduction fermée: Manipulation manuelle des fragments osseux sans incision cutanée. Réservée aux fractures non déplacées ou minimally déplacées.
  • Réduction ouverte et fixation interne (ROFI): Incision cutanée pour accéder aux fragments osseux, réduction anatomique et fixation avec des plaques et des vis en titane. Technique la plus couramment utilisée pour les fractures déplacées.
  • Greffe osseuse: En cas de perte osseuse importante, une greffe osseuse peut être nécessaire pour reconstruire le défaut. L’os peut être prélevé sur le crâne, la hanche ou la tibia du patient, ou provenir d’une banque d’os.
  • Implants personnalisés: Des implants en titane ou en matériau biocompatible peuvent être conçus sur mesure à partir des données du scanner pour reconstruire des défauts osseux complexes.

Facteurs influençant la décision de subir une reconstruction osseuse

Outre les critères mentionnés ci-dessus, d’autres facteurs peuvent influencer la décision de procéder à une reconstruction osseuse:

  • Âge du patient: Les patients jeunes ont un potentiel de remodelage osseux plus important, ce qui peut permettre une consolidation satisfaisante même avec des déplacements osseux modérés.
  • État de santé général: La présence de comorbidités, comme le diabète ou des troubles de la coagulation, peut influencer le choix de la technique chirurgicale et le moment de l’intervention.
  • Attentes du patient: Les attentes esthétiques du patient doivent être prises en compte dans la décision thérapeutique.

L’évaluation de la nécessité d’une reconstruction osseuse après une fracture de l’os zygomatique est un processus complexe qui repose sur une analyse minutieuse des données cliniques et radiologiques. La décision finale est prise en concertation avec le patient, en tenant compte des risques et des bénéfices de chaque option thérapeutique. Un traitement approprié permet de restaurer l’anatomie et la fonction du visage, et d’éviter des complications à long terme.

Quelles sont les complications possibles après une reconstruction osseuse de l’os zygomatique ?

Les complications après une reconstruction osseuse de l’os zygomatique, bien que rares, peuvent survenir. Il est important de les connaître pour pouvoir les prévenir et les prendre en charge rapidement si elles se manifestent. Ces complications peuvent être classées en plusieurs catégories :

Complications générales liées à la chirurgie

  • Infection: Comme toute intervention chirurgicale, une infection peut survenir au niveau du site opératoire. Elle se manifeste par une rougeur, une chaleur, un gonflement, une douleur et parfois un écoulement purulent. Un traitement antibiotique est généralement nécessaire.
  • Hématome: Un saignement postopératoire peut entraîner la formation d’un hématome, se manifestant par un gonflement, une douleur et une ecchymose. Un drainage chirurgical peut être nécessaire dans certains cas.
  • Cicatrices inesthétiques: Bien que le chirurgien s’efforce de réaliser des incisions discrètes, des cicatrices hypertrophiques ou chéloïdes peuvent se former chez certains patients.
  • Problèmes de cicatrisation: Une mauvaise cicatrisation peut survenir, notamment chez les patients fumeurs ou diabétiques.

Complications spécifiques à la reconstruction osseuse

  • Déplacement secondaire des fragments osseux: Malgré la fixation avec des plaques et des vis, un déplacement secondaire des fragments osseux peut survenir, notamment en cas de traumatisme postopératoire. Une nouvelle intervention chirurgicale peut être nécessaire pour repositionner et refixer les fragments.
  • Non-consolidation osseuse (pseudarthrose): Dans de rares cas, l’os ne consolide pas correctement, entraînant une instabilité et une douleur persistante. Une greffe osseuse peut être nécessaire pour favoriser la consolidation.
  • Lésion nerveuse: Le nerf infra-orbitaire, qui passe à proximité de l’os zygomatique, peut être lésé lors de la chirurgie, entraînant un engourdissement ou des fourmillements dans la région de la joue, du nez et de la lèvre supérieure. Cette lésion peut être temporaire ou permanente.
  • Lésion du canal lacrymal: Le canal lacrymal, qui draine les larmes vers le nez, peut être lésé lors de la chirurgie, entraînant un larmoiement excessif.
  • Asymétrie faciale persistante: Malgré une reconstruction minutieuse, une légère asymétrie faciale peut persister.
  • Douleur chronique: Certains patients peuvent ressentir une douleur chronique au niveau de la zone opératoire, même après la consolidation osseuse.
  • Infection de l’implant: Dans de rares cas, une infection peut se développer autour de l’implant, nécessitant son retrait.
  • Extrusion de l’implant: L’implant peut parfois être rejeté par l’organisme et s’extérioriser à travers la peau. Un retrait chirurgical est alors nécessaire.

Complications ophtalmologiques

  • Diplopie persistante: La vision double peut persister malgré la chirurgie, notamment si la fracture a affecté les muscles oculomoteurs.
  • Enophtalmie persistante ou récidivante: L’enfoncement du globe oculaire peut persister ou réapparaître après la chirurgie, notamment en cas de fracture complexe du plancher orbitaire.
  • Troubles de la vision: Des troubles de la vision, comme une baisse de l’acuité visuelle, peuvent survenir en cas de lésion du globe oculaire ou du nerf optique.

Prévention et prise en charge des complications après reconstruction os zygomatique

La prévention des complications repose sur une technique chirurgicale minutieuse, le respect des règles d’asepsie et une surveillance postopératoire rigoureuse. En cas de complication, une prise en charge rapide et adaptée est essentielle pour minimiser les séquelles. Le traitement peut inclure des antibiotiques, un drainage chirurgical, une nouvelle intervention chirurgicale ou des soins de support.

Techniques chirurgicales couramment pratiquées pour l’intervention sur l’Os Zygomatique

Les différentes techniques de réduction ouverte et fixation interne lors d’une reconstruction de l’os zygomatique ?

Les techniques de réduction ouverte et fixation interne (ROFI) pour les fractures de l’os zygomatique visent à restaurer l’anatomie du visage et la fonction des structures adjacentes. Le choix de la technique dépend de la localisation et de la complexité de la fracture, ainsi que des préférences du chirurgien. Voici un aperçu des principales techniques :

1. Abord de Keen :

  • Incision: L’incision est réalisée à l’intérieur de la bouche, au niveau du vestibule supérieur, entre la gencive et la lèvre supérieure. Elle permet d’accéder à la face antérieure de l’os zygomatique et à l’arcade zygomatique.
  • Avantages: Pas de cicatrice visible sur le visage.
  • Inconvénients: Accès limité à certaines parties de l’os zygomatique, risque de lésion du nerf infra-orbitaire. Visualisation moins directe des fragments.

2. Abord temporal (de Gillies) :

  • Incision: L’incision est réalisée dans la région temporale, au-dessus de l’oreille, dans les cheveux. Elle permet d’accéder à l’arcade zygomatique et à la portion temporale de l’os zygomatique.
  • Avantages: Bonne exposition de l’arcade zygomatique et de la suture fronto-zygomatique. Moindre risque de lésion du nerf facial.
  • Inconvénients: Cicatrice, bien que cachée dans les cheveux, potentiellement visible.

3. Abord sous-ciliaire :

  • Incision: L’incision est réalisée juste en dessous des cils de la paupière inférieure. Elle permet d’accéder au rebord orbitaire inférieur et au plancher de l’orbite.
  • Avantages: Bonne exposition du plancher orbitaire et du rebord orbitaire inférieur, permet de traiter les fractures du plancher orbitaire associées.
  • Inconvénients: Cicatrice visible, bien que généralement discrète, risque d’ectropion (éversion de la paupière inférieure).

4. Abord transconjonctival :

  • Incision: L’incision est réalisée à travers la conjonctive, la membrane qui recouvre l’intérieur de la paupière. Elle permet d’accéder au plancher orbitaire sans incision cutanée.
  • Avantages: Pas de cicatrice visible.
  • Inconvénients: Accès plus limité que l’abord sous-ciliaire, plus difficile techniquement.

5. Abord coronal :

  • Incision: L’incision est réalisée dans le cuir chevelu, d’une oreille à l’autre. Elle permet un accès large à l’ensemble du squelette facial.
  • Avantages: Excellente exposition de l’ensemble du massif facial, permet de traiter les fractures complexes impliquant plusieurs os.
  • Inconvénients: Cicatrice plus étendue, temps opératoire plus long.

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Fixation des fragments osseux :

Une fois les fragments osseux exposés, ils sont réduits anatomiquement, c’est-à-dire remis en place. La fixation est ensuite réalisée à l’aide de plaques et de vis en titane, biocompatibles et résistantes à la corrosion. Le type de plaque et de vis utilisé dépend de la localisation et de la taille des fragments osseux. Des mini-plaques et des micro-vis sont souvent utilisées pour minimiser l’impact esthétique.

Techniques complémentaires:

Dans certains cas, des techniques complémentaires peuvent être utilisées:

  • Greffe osseuse: En cas de perte osseuse importante, une greffe osseuse peut être nécessaire pour combler le défaut et assurer une consolidation stable. L’os peut être prélevé sur le crâne, la hanche ou la tibia du patient, ou provenir d’une banque d’os.
  • Implants personnalisés: Des implants en titane ou en matériau biocompatible peuvent être conçus sur mesure à partir des données du scanner pour reconstruire des défauts osseux complexes. Ces implants permettent une reconstruction précise et anatomique.

Choix de la technique:

Le choix de la technique de ROFI dépend de plusieurs facteurs, notamment:

  • Localisation et complexité de la fracture: Les fractures simples et non déplacées peuvent être traitées par un abord moins invasif, tandis que les fractures complexes nécessitent un abord plus large.
  • Présence de fractures associées: En cas de fractures associées du plancher orbitaire ou d’autres os du visage, un abord permettant d’accéder à toutes les zones fracturées sera privilégié.
  • Expérience et préférence du chirurgien: Chaque chirurgien a ses propres préférences et son expérience avec les différentes techniques.

La ROFI est une technique chirurgicale efficace pour traiter les fractures de l’os zygomatique. Le choix de la technique dépend de la situation clinique de chaque patient et doit être discuté avec le chirurgien. Une planification préopératoire minutieuse, basée sur l’imagerie médicale, est essentielle pour optimiser les résultats et minimiser les risques de complications.

Quels sont les risques et complications spécifiques associés à la chirurgie de l’os zygomatique ?

Existe-t-il des alternatives non chirurgicales à la reconstruction osseuse?

Oui, il existe des alternatives non chirurgicales à la reconstruction osseuse de l’os zygomatique, mais elles sont réservées à des cas très spécifiques. La décision de privilégier une approche non chirurgicale dépend de plusieurs facteurs, notamment le type de fracture, le degré de déplacement des fragments osseux, la présence ou l’absence de troubles fonctionnels et esthétiques, et l’état de santé général du patient.

Voici les principales alternatives non chirurgicales :

1. Traitement conservateur (sans intervention):

  • Indications: Fractures non déplacées ou minimalement déplacées, sans troubles fonctionnels (diplopie, trismus, engourdissement) ni déformation esthétique significative. Aussi envisagé chez les patients à haut risque chirurgical.
  • Prise en charge: Repos, application de glace, antalgiques et anti-inflammatoires pour gérer la douleur et l’œdème. Une alimentation molle est recommandée pendant la phase de consolidation. Surveillance régulière de l’évolution de la fracture par examen clinique et imagerie.
  • Avantages: Évite les risques liés à la chirurgie.
  • Inconvénients: Ne permet pas de corriger un déplacement osseux significatif. Risque de déformation esthétique résiduelle si la fracture est déplacée, même légèrement.

2. Réduction fermée:

  • Indications: Fractures déplacées, mais avec une mobilité des fragments osseux. Cette technique est moins courante aujourd’hui avec l’amélioration des techniques de ROFI.
  • Procédure: Sous anesthésie locale ou générale, le chirurgien manipule les fragments osseux à travers la peau pour les remettre en place. Un crochet ou un élévateur peut être introduit par une petite incision intra-orale ou cutanée pour mobiliser les fragments. Pas de fixation interne.
  • Avantages: Moins invasive que la ROFI, pas de cicatrice importante.
  • Inconvénients: Moins précise que la ROFI, risque de déplacement secondaire des fragments, ne convient pas à toutes les fractures. Difficulté à contrôler la réduction avec précision.

3. Observation et camouflage:

  • Indications: Fractures anciennes consolidées avec une déformation esthétique résiduelle, mais sans trouble fonctionnel. Patients refusant la chirurgie.
  • Prise en charge: Aucune intervention directe sur la fracture. Des techniques de camouflage, comme le maquillage correcteur ou l’injection d’acide hyaluronique, peuvent être utilisées pour atténuer la déformation esthétique. Dans certains cas, une chirurgie esthétique secondaire (ostéotomie et repositionnement) peut être envisagée ultérieurement.
  • Avantages: Évite les risques liés à la chirurgie.
  • Inconvénients: Ne corrige pas la déformation osseuse, solution palliative uniquement.

Points importants à considérer:

  • L’approche non chirurgicale est généralement privilégiée pour les fractures stables, non déplacées ou minimalement déplacées, sans atteinte fonctionnelle significative.
  • Un suivi rigoureux est essentiel pour s’assurer de la bonne consolidation de la fracture et de l’absence de complications.
  • En cas de doute sur la stabilité de la fracture ou en présence de troubles fonctionnels, la ROFI est généralement recommandée.
  • La décision finale doit être prise en concertation avec le patient, en tenant compte des risques et des bénéfices de chaque option thérapeutique. Le chirurgien doit expliquer clairement les avantages et les inconvénients de chaque approche, afin que le patient puisse faire un choix éclairé.

 

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